Chère courageuse maman,
cher courageux papa,
Nous voilà confinés. Adultes, enfants, parents, bébés.
J'ai parcouru mon fil d'actualité ce matin et il m'a fait prendre le clavier. J'y ai lu des critiques, des cris de détresse, des appels à l'aide. Des pères et des mères qui ne sortent plus. Qui ne s'en sortent plus. Qui ont des nouveaux-nés et aucun contact social, un suivi minimum, qui se sentent désespérément seuls.
Qui ont des enfants en bas âge et des boulots à temps plein à assumer malgré tout. Qui se relaient comme ils peuvent, qui crament tous leurs congés sans que cela suffise, qui sont partagés entre l'envie très culpabilisante que cet enfant encombrant leur lâche les baskets et celle de s'occuper tendrement de lui. Mais leur sens du devoir les rappelle, qu'ils aiment ou non leur job. Qui courent au burn out, qui s'essoufflent et se sentent abandonnés, eux aussi.
Qui ont des emplois "essentiels" et pour qui le télé-travail est impossible. Qui déposent leurs enfants à l'école ou à la crèche et vont travailler la boule au ventre, terrifiés pour leur santé et celle de leur progéniture. Qui n'ont pas le matériel nécessaire et suffisant pour se protéger. Qui se sentent oubliés.
Qui se retrouvent dans une situation financière des plus compliquées et tentent de préserver leurs jeunes enfants de ce stress tout en sachant que les enfants sont des éponges à émotions. Qui se sentent lâchés.
Je me retrouve dans certains de ces cris de détresse, devant assurer la garde de mes enfants avec mon mari, notre activité principale à l'arrêt complet, sans réelles perspectives avant septembre. Ce n'est donc pas tant la masse de travail qui nous assomme mais le manque de relais dans cette période ou nous aurions besoin de pouvoir nous repositionner, faire les comptes, réfléchir, prendre de la hauteur.
Alors je suis emplie de toute l'empathie possible à la lecture de ces témoignages. C'est bien peu de choses mais relayer ces réalités différentes qui génèrent des émotions si semblables, c'est ma façon à moi de les soutenir, de nous soutenir. De nous rappeler qu'il faut un village pour élever un enfant. Et que la difficulté aujourd'hui, c'est que ce village ne puisse toujours pas prendre le relais. Parce qu'il faut attendre un assouplissement des règles sanitaires. Que la priorité va aux enseignes et aux commerces. Que c'est long et injuste. Que l'homme est un animal social et les parents encore plus.
Une immense solitude peut-elle être amoindrie si elle partagée par tant d'autres parents? C'est sur ce seul espoir que se basent mes mots aujourd'hui.
Je vous envoie mes plus douces pensées solidaires.
Votre sincère alliée,
Aurélie